Le temps passant vite et l’oubli s’installant encore plus vite, il m’est apparu nécessaire de contribuer à la conservation de la mémoire d’une époque qui a connu, après l’indépendance du Maroc en 1956, la constitution d’une flotte importante de navires de commerce propriété d’armateurs marocains publics et privés.
Cette flotte de commerce comptait à son apogée au cours du dernier tiers du 20eme siècle, environ 70 navires de tous types : porte-conteneurs, navires frigorifiques, general cargos, chimiquiers, pétroliers, vraquiers et car-ferries. Les flottes de navires chimiquiers et frigorifiques comptaient parmi les plus importantes dans le monde.
Pendant cette période, les armateurs marocains, près d’une vingtaine au total, transportaient le quart des échanges commerciaux du pays. La flotte de car-ferries quant à elle transportait la moitié du trafic de passagers.
Le savoir-faire et les compétences acquises en matière d’exploitation et de gestion des navires de commerce permettaient aux armateurs marocains d’employer leurs navires sur des trafics tiers, en l’absence de fret national. C’est ainsi que le pavillon marocain était visible sur toutes les mers du globe.
Actuellement, le nombre de navires de commerce battant pavillon marocain est de 14 unités soit quasiment le même nombre que pendant les années 1960 lorsque les pouvoirs publics ont pris conscience de la nécessité de favoriser le développement de la marine marchande marocaine.
Trois facteurs ont contribué à la quasi disparition de la flotte de commerce marocaine. Le premier est le cadre législatif national désuet dans lequel opéraient les armateurs marocains alors que leurs concurrents étrangers ont commencé dès les années 1970 à mettre massivement leurs navires sous pavillons de libre immatriculation pour s’affranchir des contraintes de cadres législatifs et fiscaux similaires.
Le deuxième facteur est la libéralisation totale du secteur du transport maritime national en 2007 sans mesures d’accompagnement pour permettre aux armateurs marocains de s’adapter pour, à tout le moins, conserver leur niveau de participation au transport de nos échanges extérieurs.
Le troisième facteur a trait à des déficiences de la part des armateurs dans gouvernance et la gestion de la maintenance des navires et des ressources humaines aggravées par des tensions sociales récurrentes.
Pour conserver le souvenir de « l’âge d’or » de la flotte de commerce marocaine que j’ai eu la chance de vivre, il m’est apparu nécessaire de rechercher, collecter et archiver des documents qui témoignent de cet « âge d’or ».
Qui mieux que ceux qui ont eu la chance de connaitre cette époque et qui sont encore parmi nous peut contribuer à la conservation de cette mémoire? Parmi ceux-ci il y a bien entendu le personnel des compagnies maritimes, des auxiliaires de transport, de l’administration maritime et bien entendu le personnel navigant.
Un appel est lancé à toutes ces personnes pour contribuer à la collecte de documents relatifs à la période considérée en vue de leur mise à la disposition du public dans un site web dédié, sorte de musée maritime virtuel. Cette contribution sera réalisée par le partage des documents en leur possession sous format PDF : brochures, dépliants publicitaires, articles de presse, documents administratifs, fiches techniques de navires, photos, etc.…
Un comité restreint de bénévoles a été constitué pour sélectionner les documents les plus représentatifs parmi ceux reçus et arrêter éventuellement le plan et le contenu d’un ouvrage en souvenir de ce que fut la marine marchande marocaine.
Le présent appel n’a pas pour objectif de collecter et d’archiver l’ensemble des documents existants en particulier chez les institutionnels. C’est une tâche souhaitable mais elle requiert des moyens humains et matériels importants.